
Montcalm et Estats (2 jours, Aout 2020)
Témoignage d’une aventure mémorable
Nous sommes 3 à partir vers le Montcalm et le pic de l’Estat. Le Montcalm est le pic le plus élevé des pyrénéennes ariégeoises à plus de 3000 m d’altitude.
Notre périple va se dérouler sur 2 jours.
Comme toujours un sentiment mêlé d’excitation et d’appréhension nous accompagne. 2 Jours se présentent à nous.
Nous partons pour une balade d’environ 20km et 2000 mètre de dénivelé.
Pour ces 2 jours de balade nous nous proposons de méditer sur le chemin autour des questions suivantes. Qui suis-je ? Vers où vais-je ?
Après une première montée ou on laisse le quotidien derrière dans la vallée, nous nous posons autour d’un magnifique petit étang, « l’étang sourd ». La météo est bonne, nous observons quelque randonneurs autour de nous. Nous profitons d’un moment de contact avec la beauté apaisante du lieu. Rapidement les nuages arrivent et envahissent tout l’espace.
Peu avant nous voyons de l’autre côté du lac, une femme en contemplation et un randonneur qui avance au pas décidés vers un chemin qui ne semble pas mener bien loin.
Le météo a très vite changé et d’un coup nous ne voyons plus a 2 mètres, l’ambiance vire au fantastique. Devant cette étendue d’eau nimbé d’un brouillard épais, mon imaginaire m’emporte en Écosse et je m’attends à voir sortir du petit lac un animal fabuleux, un monstre du loch Ness.

Devant ce décor irréel, nous entrons dans un profond silence. Nos sens perdent leur habitude, ils deviennent sujet aux hallucinations, quelles soient visuelles, sonores, cénesthésiques.
Soudain, un son lourd et assourdissant inonde notre méditation. Arrivent de 2 autres sons comme des pas d’un géant qui fait trembler la terre. Le 4ème son est une chute pataude dans l’eau. Nous nous regardons interloqué, à l’affût de la suite. Nous comprenons bien que l’effet du brouillard accentue, épaissi tout bruit. Rien d’autre ne se passe. Amusés, intrigués nous restons éberlué et joyeux.
Cet effet d’air passe et les nuages remonte vers le ciel aussi vite qu’ils sont venus, le soleil reprend place.
Il va être temps de repartir vers le premier objectif de la journée.
Juste avant de partir, un randonneur vient vers nous, je reconnais la personne qui quelques temps auparavant était passé de l’autre côté de l’étang. Il donne l’impression d’être perdu et confus. Il nous demande le chemin pour redescendre vers le parking. Alors nous observons qu’il est quelque peu mouillé et qu’il s’est blessé légèrement au genou. Après s’être assuré qu’il était en état de continuer nous lui indiquons le chemin et le laissons partir. Nous comprenons qu’une raison probable de cette incursion sonore dans la brume est ce randonneur étrange. Aurait-il glisser sur un rocher et essayant de se reprendre il aurait fini par tomber dans l’eau ? Notre mystère en partie élucidé nous reprenons la marche vers notre refuge accompagnés de joyeux éclats de rire.
Au refuge, nous trouverons des conditions spartiates et nouerons de belles relations avec quelques marcheurs. Au bas du refuge, un nouvelle étendu d’eau. De l’autre côté une vue panoramique majestueuse. Nous surplombons une mer de nuage qui remplie la vallée et vient buter sur d’innombrables pics remparts dressés tel des îles vers le ciel.

L’action de la montagne libère notre inspiration et nôtres immagination.
Face à ce spectacle nous partageons un repas simple agrémenté d’échanges élevés et inspirés.
Au lever le lendemain matin, rien ne nous encourage à repartir vers les sommets buts de notre sortie. Le temps est pluvieux, l’horizon bouché, le froid est humide et glacial. Ces conditions laissent augurer une journée difficile. Nous repartons sans trop hésiter. Les premiers hectomètres sont pénibles.
Comme souvent en montagne la météo est variable et les conditions détrempées du matin laissent place aux éclaircies et à l’expression de la pleine beauté d’une montagne ensoleillée.
Après un bref arrêt au lac d’Estats, nous entamons le pas sûr et léger la dernière partie de notre ascension. Nous voilà enfin au sommet du Montcalm.
Heureux d’avoir atteint l’objectif principal de notre sortie. Nous restons là un long moment, sur cette terre rocailleuse. Le vent est frais et nous prenons le temps de faire une petite méditation et de lancer nos demandes profondes vers l’horizon magnifique.

Nous reprenons alors notre chemin pour aller vers un autre pic, celui de l’Estat, en Espagne cette fois. C’est sur l’arrête de ce sommet que nous pique-niquerons et aurons un échange profond en relation avec les questions de méditation proposées la veille. A ce moment je prends conscience avec une joie profonde, comment cette ascension « méditative », nous a transformé. Nos paroles sont directes, joyeuses, pleines de sens et de compréhension.

Une longue descente nous attend maintenant, et certainement par un trop grand relâchement et un petit manque d’attention, nous raterons un embranchement qui aura comme conséquence de nous faire marcher un peu plus. La seconde moitié de la descente est longue pénible, car une fine pluie nous accompagne et nous oblige à redoubler d’attention face à ce sol qui est devenu particulièrement glissant.
La fin de cette petite aventure se fera sous un meilleur ciel et l’on sentira en chacun d’entre nous la joie d’avoir partager ensemble une expérience simple et élevée.
Je reconnais très souvent ce sentiment d’union que l’on vit après un virée en montagne.
Christophe